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Art et Environnement


La COP 21 - PARIS 2015

L’art et la science unis face au changement climatique :
Les fruits du dialogue




Dans la perspective de la conférence de Nations unis sur les changements climatiques, COP 21 de Paris-2015, l'Association Internationale d’Artistes pour la Nature et l'Environnement (ArNaMe Internacional) 1 a réalisé une exposition fruit de neuf entretiens entre scientifiques et artistes mexicains et français autour de la problématique environnementale et climatique.

À l’initiative de l’artiste mexicain Carlos Villegas Ivich, des artistes français et mexicains ont dialogué à Paris avec des scientifiques français et mexicains sur la problématique environnementale et climatique. L’objectif affiché de ces échanges était d’associer l’art et la science pour tenter d’aller plus loin dans la compréhension, la sensibilisation et la mobilisation face au dérèglement climatique et à la dégradation de l'environnement.

L’exposition a rassemblé une vingtaine d’œuvres, ainsi que neuf textes écrits par chacun des scientifiques ayant pris part au projet, tous experts reconnus mondialement dans leur spécialité : biologie, océanographie, physique de l’environnement, climatologie, écologie, gestion des risques et vulnérabilité urbaine.

·  Valérie Masson-Delmotte, climatologue, Directrice de recherche au CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives), Coprésidente du groupe de travail 1 du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur le climat).
· Laurence Eymard, Physicienne de l’atmosphère, Université Pierre et Marie Curie, chercheur et directrice du laboratoire LOCEAN
· Anne-Caroline Prevot-Julliard, Écologue, Chargée de recherche CNRS rattaché au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)
·  Denis Couvet, expert en écologie, professeur au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)
·  Serge Morand, Biologiste, Directeur de recherche au CNRS, Université de Montpellier 2
·  Blanca Elena Jiménez Cisneros, Ingénieur environnemental, Secrétaire du Programme hydrologique international et Directrice de la Division des sciences de l'eau de l'UNESCO
· Norma Patricia Muñoz Sevilla, Biologiste et océanographe (Institut polytechnique national du Mexique (IPN), Consultant auprès de l'UNESCO et pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)
· Ana Rosa Moreno Sánchez, Biologiste (Université National Autonome du Mexique (UNAM), Membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) des Nations Unies depuis 1995
· Sergio Puente Aguilar, Architecte et urbaniste, chercher-enseignant au Collège du Mexique, Experte dans la gestion des risques et vulnérabilités urbaine.

Les artistes montrent quant à eux une vision personnelle de la crise climatique à laquelle l’humanité est confrontée à travers des œuvres en résonance avec ce que la science nous dit aujourd’hui de cette problématique.

Cristóbal Río, Vidéaste, Alain Sicard, Peintre, Claire Renier, Artist visuel, Louis-Marie Catta, Artiste plasticien, Fernando Quintero, Sculpteur, Odile de Frayssinet, Sculptrice, Mezli Vega Osorno, Photographe, María Fernanda Sánchez-Paredes, Photographe, Carlos Villegas Ivich, Artiste plasticien, Eunice Chao, photographe.

Cette exposition fut une invitation à comprendre la crisse environnemental actuelle autrement que par la peur, la culpabilité ou l’anxiété, mais aussi une invitation à s’interroger et agir face aux bouleversements et aux défis que nous impose à tous, pays riches et pays pauvres, la dégradation de nos conditions de vie.  

La communauté scientifique internationale travaille de manière interdisciplinaire sur ces questions depuis plus de 40 ans et les résultats de leurs recherches sont connus de tous. Les nations tardent cependant à prendre les décisions qui s’imposent. C’est tout l’enjeu de la COP 21.

Aujourd’hui, le constat est sans appel : l’état de tous les écosystèmes de la planète s’est profondément dégradé et la quantité de gaz à effet de serre rejeté dans l’atmosphère a considérablement augmenté. C’est une réalité à la fois incontestable et paradoxale : plus la connaissance avance, plus la technologie est sophistiquée, plus nous détruisons ce qui nous permet de vivre.

Ce constat interpelle notre intelligence et l’idée selon laquelle nous sommes des êtres dotés de raison. Il remet en question nos valeurs, notre éthique et notre civilisation, car c’est bien notre mode de vie, notre manière de produire et de consommer, notre idée de progrès et du bien-être qu’est à l’origine du réchauffement spectaculaire de la planète.

Carlos Villegas Ivich
Commissaire de l’exposition

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[1] L’Association Internationale d’Artistes pour la Nature et l'Environnement A.C. ArNaMe Internacional, est une organisation à but non lucratif fondée en 2008 au Mexique. Elle a reçu le soutien de l’UNESCO dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour l’Éducation au service du développement durable 2005-2014. http://arnameinternacional.blogspot.fr



L'EXPOSITION

L’exposition fut présentée du 24 novembre au 24 décembre 2015 à l’Institut Culturel du Mexique, 119, rue Vieille du Temple, 75003 Paris. 






« De l’art pour sentir, penser et agir »


Depuis plusieurs décennies, d'importants efforts nationaux et internationaux ont été entrepris pour que le public prenne conscience des effets de l'activité humaine sur la planète et pour le sensibiliser sur les initiatives à prendre pour lutter contre le changement climatique [1].

Après quarante ans d'intense information, la société a acquis une certaine conscience de la gravité de ces problèmes. Cependant, il existe encore des réticences et des obstacles pour que les individus et les nations assument de manière responsable et solidaire les mesures qui s’imposent.



[1] Déjà en 1972, le Principe 1 de la Déclaration finale de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement, énonçait : « L'homme a un droit fondamental à la liberté, à l'égalité et à des conditions de vie satisfaisantes, dans un environnement dont la qualité lui permette de vivre dans la dignité et le bien-être. Il a le devoir solennel de protéger et d'améliorer l'environnement pour les générations présentes et futures. » Cette déclaration a été faite pour inspirer et guider les efforts des peuples du monde en vue de la préservation et l’amélioration de l'environnement. 



Problématique 


Comment faire voir ce qui notre regard n’aperçoit pas ? Comment faire comprendre ce qui échappe à notre entendement ? Comment aller plus loin de notre perception immédiate? Comment imaginaire et intérioriser des nouvelles possibilités et manières de vivre ? 


L’art est une des ces possibilités. Parce que l’art s’adresse aux sens et se loge d’abord dans l'âme avant de se loger dans l'esprit, elle facilite la transmission de connaissances et permet une compréhension plus profonde, plus sensible. L’art stimule la réflexion, favorise la prise de conscience, éveille le potentiel créatif des individus et contribue à l’émergence de nouvelles possibilités. 


Et ceci parce que l'art est questionnement, reformulation, élaboration d'un langage spécifique qu'offre la possibilité d’une autre perception du monde, une autre compréhension de la réalité. L’art est aussi processus d'éveille des potentialités de la pensée, des capacités rationnelles et créatives des individus. 


Il s’agit donc aujourd’hui, d'assurer un véritable changement de mentalité et de comportement, face aux problématiques environnementales. Il faut avant tout promouvoir la connaissance et le respect envers la nature et les autres, ainsi que la responsabilité vis-à-vis de l'environnement, par le biais de l’éducation y de la sensibilisation. Ceci doit être une tâche permanente, collective et partagée, pour accroître véritablement l'impact favorable su l'environnemental et sur nous vies. 




Développement responsable 


La question du « développement » est avant tout celle de la responsabilité, du respect, de la solidarité et de l’empathie. il s’agit d’un vaste chantier dont la difficulté principale est l’intériorisation d’une nouvelle idée du bien-être et du progrès, d’un nouveau sens de la production et de la consommation, et d’une nouvelle signification du vivre en société. Mais aussi du respect de la diversité culturelle et biologique, de la prisse en compte et de l’acceptation de l’Autre dans nous vies. 

Pour créer cette nouvelle façon de faire et de vivre, les pays et l’humanité doivent relever un grand défi : être capables de repenser leurs rapports à la nature. La nature ne peut plus être seulement le moyen par lequel une société satisfait ses besoins ou ses caprices. L’humanité doit reconnaître qu’elle a une responsabilité vis-à-vis d’elle et qu’elle doit prodiguer à la nature tous les soins nécessaires pour assurer non seulement notre survie, mais aussi la sienne. 

En d’autres termes, pour lutter efficacement contre la crise environnementale actuelle, une nouvelle éthique et un véritable changement de mentalité sont nécessaires. Nous devons être capables de générer des valeurs qui modifient nos comportements individuels et sociaux. En somme les intérêts individuels ne doivent plus compromettre l’existence de la communauté des vivants. 



Éthique et art


Si une nouvelle éthique est nécessaire pour lutter efficacement contre la crise environnementale actuelle, il faut qu’elle soit à la fois analytique, critique et propositionnelle. Elle doit être capable de repenser notre présent et notre avenir. C’est dans cette perspective que l'art a une tâche importante à accomplir, puisque l'art est simultanément réflexion critique et pensée créatrice de réalités.

Mais aussi et surtout, parce que la création artistique n'est pas seulement création d’œuvres d’art. Elle est fondamentalement mouvement de l'esprit humain vers d'autres dimensions de la pensée, vers d’autres réalités, vers d’autres possibles, d’autres façons de voir et de concevoir le monde.

Et ceci parce que l’art, comme processus, intègre simultanément et sans exclusion, la raison et la passion, les idées et les sentiments, l'évaluation critique des choses et l'invention de nouvelles possibilités et des relations inédites.


Devoir d’initiative


Pour la réalisation des projets conjoints, j’invite les associations, les institutions académiques, les centres de recherche spécialisés, ainsi que toutes les instances, publiques et privées, nationales et internationales, qui souhaitent participer à cet effort de sensibilisation environnemental à travers les arts. 


Il s’agit d'additionner les compétences, les moyens et les efforts pour travailler conjointement – artistes, scientifiques, institutions, entreprises, société civile – dans des projets artistiques qui impactent favorablement le comportement des individus face à la crisse et aux risques l'environnementaux.


PROJETS THÉMATIQUES



FORÊTS, victimes et sauveteurs


La dégradation des forêts est provoquée principalement par l'exploitation forestière intensive l'agriculture et l’élevage. Mais aussi par l'extraction minière à ciel ouvert, les inondations, l'urbanisation et les incendies, exacerbées par le changement climatique

La déforestation a versé dans l’atmosphère un tiers du CO2 accumulé au cours des 50 dernières années.

L'activité humaine et en particulier le développement économique au cours du XIXe et du XXe siècle a perturbé l'effet de serre, accéléré le changement climatique, dégradé l'environnement et réduit la qualité de vie sur la planète.









BIODIVERSITÉ Menacée 


Avec les grands voyages du XVIe siècle débute une étape nouvelle de disparition des espèces qui s’accélère au XVIIIe et au XIXe siècle.

Destruction des écosystèmes, commerce illégal, surpêche et chasse sans contrôle ont provoqué au XXe siècle la disparition d’environ 30 mille espèces.

Au XXIe siècle, la seule augmentation de la température de la Terre de 2°C pourrait entraîner la disparition de millions d'espèces.

17.291 espèces sont menacées d'extinction, parmi les 47,677 évaluées par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN Liste rouge 2009):
Mammifères, 21 %
Amphibiens, 30 %
Reptiles, 28 %
Poissons d'eau douce, 37 % 
Invertébrés, 35 %
Plantes, 70 %

La plupart des espèces menacées se trouvent dans les pays à forte biodiversité : Australie, Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Mexique et Pérou.


Le commerce d’animaux et des plantes protégés (troisième activité illégale la plus rentable au monde, après la drogue et la vente d'armes), est une cause de la perte de biodiversité. Mais aussi le commerce de fourrure, d’ivoire ou de plumes, ainsi que certaines croyances ou coutumes… 







EAUX, nécessité et menace


97 % de l’eau de la planète est salée. Seulement le 3 % est douce ou de faible salinité. Un cinquième de l'humanité (1,200 milliards) souffre de la pénurie d'eau, 500 millions de personnes sont menacées.

L'agriculture consomme 70 % de l'eau disponible sur la planète et l'utilisation et la gestion mondiale de l'eau ont provoqué pénuries, dérèglements écologiques et conflits sociaux. Dans les années à venir la désertisation pourrait affecter 2 milliards de personnes, un tiers de l'humanité.

La pollution de l'eau est l'un des problèmes majeurs du monde. L’Industrie et la production agricole polluent la terre, les nappes phréatiques et les rivières. Environ 10 millions de personnes périssent chaque année pour avoir consommé de l’eau contaminée.

La mer, ses écosystèmes et les économies côtières son détruites par la pollution.   Plus du 80 % de la pollution marine provient des activités industrielles, agricoles et urbaines. Mais aussi de déchets toxiques, l'urbanisation et la pêche intensive.

La pluspart de la pêche ainsi que la moitié de la reproduction marine se déroulent à moins de 300 km des côtes, souvent contaminés.






DÉCHETS et polluants 


Les ordures ménagères sont l'un des problèmes les plus graves pour les villes et l'environnement. Réduire-Réutiliser-Recycler est l’une des alternatives écologiques pour récupérer des matières premières et produire ou créer d’autres choses...

Mais les déchets technologiques et industriels sont devenus les premiers polluants dans le monde. Dans les pays émergents la situation est encore plus grave, entre autres, à couse du coût élevé du retraitement ou d'élimination.







ENVIRONNEMENT et changement climatique 


Surexploitation, monoculture, pollution, commerce illicite, destruction des habitats et introduction d'espèces exotiques ont mis en danger la biodiversité.

Un exemple, entre autres, les cactus. Intensément extraites de la nature, les cactées sont menacées d'extinction. Beaucoup sont endémiques du Mexique. Leur disparition serait une perte définitive.

En 2000, j’ai réalisé quatre interventions dans le désert de Sonora qui expriment la fragilité de cet écosystème.

L'émission de CO2 est aujourd'hui l'un des problèmes les plus graves pour l'humanité et l'environnement. L’utilisation intensive du combustible fossile produit les émissions de CO2 responsables du réchauffement climatique. Les coûts humains et écologiques du réchauffement climatique seront très élevés si nous ne changeons pas notre façon de produire et de consommer.

Les ordures enviassent dramatiquement les terres et les mers, mais aussi l’espace. Au tour de la Terre orbitent:

43 % de fragments de satellites
31 % de fragments de fusée
21 % de satellites inactifs et
5 % de satellites en fonctionnement

Près de 150 mille fragments tournent au tour de la Terre à 10 km par seconde. À cette vitesse, ils pourraient tuer un astronaute, détruire un vaisseau spatial, endommager un satellite ou tomber sur la Terre… De 1958 à nos jours, il y a eu 63 cas enregistrés de débris spatiaux tombés sur Terre.

L'irresponsabilité des hommes et des sociétés industrialisées ont causé des dommages irréparables aux écosystèmes pendant près de trois siècles. Il est maintenant urgent d’agir pour éviter une catastrophe.